La nouvelle n’a guère été médiatisée, surtout en France, mais pourrait bien rester dans les annales car, pour la première fois au monde, un pays a interdit l’emploi du mercure.
Le 21 décembre 2007, le ministre norvégien de l’environnement bannissait l’emploi du mercure dans tout produit. C’est ainsi que, depuis le premier janvier 2008, le plombage ou amalgame dentaire est officiellement interdit en Norvège.
Le ministre norvégien a déclaré que « Le mercure est parmi les polluants les plus dangereux ». Il a aussi précisé que de bonnes alternatives au mercure existent déjà pour justifier son interdiction. Sans doute cette décision n’est-elle pas intervenue par hasard en fin d’année 2007, au moment où l’Union Européenne, par le biais d’une commission, envisageait d’éliminer le mercure de toute préparation destinée aux soins et d’interdire l’amalgame dentaire. La France reste favorable aux plombages dentaires puisque 15 tonnes de mercure sont posées chaque année dans la bouche des Français.
Le mercure est un métal dont la toxicité est telle qu’on lui attribue des normes de sécurité les plus strictes : concentration minimale sans risque pour des cellules vivantes : 0,1 µg/l selon la norme de l’Environment Protection Agency (E.P.A) des USA.
Les sources de pollution au mercure sont diverses mais la pollution de loin la plus importante provient des amalgames dentaires. Une personne possédant 8 amalgames métalliques en bouche (ce qui représente la moyenne de la population française) s’intoxique au mercure à raison de 15 µg par jour. En comparaison, la pollution environnementale liée à l’air pollué (usines) et à la consommation de poissons contaminés au mercure ne représente que 2 µg par jour.
Un amalgame (plombage gris) est un alliage composé de 50 % de mercure, 30 % d’argent, 9 % d’étain, 6 % de cuivre et un peu de zinc. En moyenne, un amalgame contient environ 1 g, soit 1 000 000 de µg de mercure, ce qui est énorme. Dans la bouche, un plombage subit à la fois une abrasion mécanique et une corrosion électrochimique. Le mercure est relargué principalement sous forme de vapeurs et pénètre dans l’organisme par la respiration. Lorsqu’on mesure les émanations sortant d’une bouche avec de nombreux amalgames dentaires, la valeur dépasse de 480 fois la norme admise par la sécurité en industrie. Les symptômes de l’intoxication au mercure évoluent au cours du temps en fonction de l’accumulation progressive de mercure dans l’organisme.
Au début, on ne remarque que des petits troubles de santé comme une transpiration plus abondante, une salivation excessive, une fatigue inexpliquée, une mauvaise haleine, des vertiges et des maux de tête. Progressivement apparaissent des symptômes neurologiques : instabilité émotionnelle, irritabilité, dépression, pertes de mémoire, insomnies. L’atteinte progressive du système nerveux, cible préférentielle du mercure, va se traduire sur le plan physique par des fourmillements dans les mains, une sensation de brûlure avec endormissement des membres inférieurs, un léger tremblement des doigts, des paupières ou des lèvres.
Au moment où de plus en plus d’études dénoncent l’implication probable du mercure dans la maladie d’Alzheimer, on peut espérer que cette décision « contaminera » nos décideurs politiques.
Par le Docteur Thierry Schmitz