Wordt de wereld steeds gekker?

Votre enfant suce son pouce pour s’endormir ou il pique des colères pour des riens ? Vous vous rongez les ongles ou vous êtes somnambule ? Vous vous grattez un peu trop souvent ? Votre patron trouve que vous manquez d’efficacité ? Vous êtes collectionneur et vous accumulez des choses inutiles de manière compulsive ?

Attention, le trouble psychiatrique vous guette !

Il y a quelques années, ce qui pouvait éventuellement passer pour un trouble obsessionnel compulsif (Toc), devient maintenant un trouble psychiatrique à part entière.

En effet, à l’heure actuelle et quels que soient vos symptômes, le DSM permet au psychiatre de vous classer dans une des catégories de troubles mentaux qui y sont référencés. Vous pourrez  ainsi bénéficier de prescriptions de psychotropes remboursées par la sécurité sociale ! Que rêver de mieux ?

Le DSM, Manuel diagnostic et statistique des troubles mentaux (Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders) est publié par l’American Psychiatric Association (APA). Il sert de véritable référentiel aux psychiatres afin de poser un diagnostic. Et force est de constater que depuis sa conception, le contenu de cette véritable « bible » de la psychiatrie a évolué de manière inquiétante.

Le DSM-I, première édition de ce manuel, paraît en 1958. Il compte alors 60 troubles mentaux. Le DSM-II publié en 1968 en dénombre 145. Dans les années 70 aux USA, la psychiatrie est mal vue par le corps médical ; or le rêve de tout psychiatre est d’être considéré comme un « docteur » et de pouvoir pratiquer une véritable médecine. Pour cela en 1980 dans le DSM-III, l’APA décide de définir soigneusement des « conditions médicales » qui permettront de déterminer les troubles mentaux avec précision afin de les assimiler à de réelles maladies. Maladies bénéficiant de prescriptions. Dans une version révisée en 1987, le DSM-III-R, de nombreux critères et syndromes sont encore affinés et le nombre de troubles grimpe jusqu’à 259. Ce dernier manuel se veut plus empirique et détaché de toute théorie psychanalytique. L’APA décide que les diagnostics psychiatriques seraient désormais purement biologiques et basés sur la théorie du déséquilibre chimique. Inventée en 1965, cette théorie tente d’expliquer que la dépression pourrait résulter d’un déséquilibre chimique cérébral avec manque et excès de certains neurotransmetteurs.

Selon le Dr Schildkraut : « si les psychotropes changent le niveau de certaines substances chimiques, alors la maladie mentale doit être causée par des niveaux trop élevés ou trop faibles de ces substances ». On constate qu’il s’agit d’un raisonnement totalement inversé, mais suffisant pour donner au DSM-III un « air » de science… Il marque ainsi une véritable rupture par rapport aux éditions précédentes. On bascule dans la médicalisation progressive de la psychiatrie.

Depuis les psychiatres et les industries pharmaceutiques n’ont cessé de promouvoir cette théorie des déséquilibres chimiques auprès du monde médical et du grand public.

Pourtant, en y regardant de plus près aucune étude dite « scientifique » n’a réellement prouvé l’existence de ces déséquilibres chimiques. Et plus fort encore, il y a des dizaines d’études qui prouvent que ces déséquilibres n’existent pas. En tous cas, ils ne sont pas mesurables !

Le DSM-IV publié en 1994 reconnaît 410 troubles psychiatriques. L’avant-dernière version utilisée est celle du DSM-IV-TR, une révision mineure du DSM-IV parue en 2000. Cette édition prolonge et approfondit le travail entamé avec le DSM-III.

Le DSM-V publié au mois de mai 2013 aux États-Unis contient 297 troubles mentaux officiels. Certains troubles ont été retirés, mais au grand bonheur des industries pharmaceutiques, beaucoup d’autres diagnostics ont été élargis. Le rapport devait être traduit en français dans les mois qui ont suivi sa publication.

Allen Frances, ancien professeur de psychiatrie à la Duke University, a supervisé l’équipe de rédaction du DSM-IV. Depuis plusieurs années, il s’insurge contre les dérives de la dernière version du DSM-V. On y transforme le deuil en trouble dépressif majeur s’il perdure un peu trop longtemps (+ de 2 mois) ; or l’on sait que la durée pour accepter un deuil peut varier d’une personne à l’autre. Les colères deviennent « un trouble de dérégulation d’humeur explosive », les pertes de mémoire des personnes âgées se transforment en trouble neurocognitif léger, l’inquiétude de la maladie devient un trouble de symptôme somatique, la gourmandise se nomme hyperphagie boulimique, etc.

Alors, sommes-nous tous malades ?

Autre option : la moindre émotion quotidienne serait-elle médicalisée afin d’augmenter le champ de prescription des antidépresseurs et autres psychotropes ?

Il y a réellement de quoi se poser des questions lorsque l’on sait que le DSM lui-même stipule : « Bien que ce manuel fournisse une classification de troubles mentaux, on doit admettre qu’il n’y a pas de définition délimitant le concept de trouble mental avec précision ».

Où va-t-on si les psychiatres eux-mêmes sont incapables de définir ce qu’est un trouble mental ?

Si le médecin s’appuie sur des critères précis et sur des symptômes précis pour poser le diagnostic d’une maladie, cela n’est pas du tout le cas en psychiatrie. En effet, encore aujourd’hui, aucun modèle ni critère précis ne permet de diagnostiquer avec certitude une maladie mentale. Si les médecins et psychiatres sont honnêtes, ils doivent reconnaître qu’aucun test ne permet véritablement de mesurer l’état chimique du cerveau d’une personne vivante et aucune cause physiologique ne corrobore un diagnostic psychiatrique.

Pourtant les prescriptions de psychotropes ne font qu’augmenter. Les antidépresseurs et anxiolytiques n’ont jamais été autant prescrits, et cela quel que soit l’âge puisque même de très jeunes enfants sont drogués au chlorhydrate de méthylphénidate (Concerta – Quasym – Ritaline ou Rilatine). Il s’agit d’une molécule de la classe des amphétamines qui constituent des substances psychostimulantes proches de la cocaïne et utilisées dans les raves-party (« ecstasy »).

Rien n’arrête les prescripteurs. Pourtant, les effets secondaires alarmants de ces substances chimiques sont excessivement nombreuses : crises de violence (de nombreux tueurs en série sont sous psychotropes), suicide, dépression tenace, etc. Sans compter la dépendance qu’engendrent ces drogues.

Même certains éminents psychiatres et autres médecins s’accordent pour dénoncer ces abus.

Tout ceci pour dire que les termes « trouble psychiatrique » ou « trouble mental » sont très mal définis et que la frontière entre la normalité et l’anormalité est excessivement floue. De plus, ces frontières peuvent s’élargir ou se rétrécir au gré de certaines associations et de certains intérêts pharmaceutiques. Totalement floues et obscures. Le diagnostic de maladie mentale résulte donc du simple « jugement » d’un psychiatre, jugement qui repose uniquement sur des critères purement subjectifs. En bref, un simple avis de psychiatre peut aboutir à l’internement d’une personne en maison psychiatrique ou interférer dans de nombreux domaines de la vie privée, comme régler les gardes parentales, les droits civiques ou encore influer sur la recherche d’un emploi.

 

HBE Diffusion, PANNE Carol 12 juni, 2018
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