Avec cet été déjà très chaud, et un printemps particulièrement humide, les moustiques (comme les tiques) sont particulièrement nombreux cette année. L’an dernier, nous avions davantage de guêpes et j’avais partagé avec vous mes recommandations pour les garder éloignées ; cette année, ce sont les piqûres de moustiques que je vais vous aider à éviter autant que possible.
Il y a encore peu, éviter ces piqûres était une question de confort : leurs conséquences ne vont guère plus loin qu’une rougeur et une fichue démangeaison ; mais avec l’expansion du moustique-tigre sur notre territoire (je vais y revenir), l’enjeu est différent.
Les moustiques : pourquoi vous faites-vous piquer quand d’autres restent tranquilles ?
Les « affinités électives » des moustiques intriguent la science depuis longtemps : la raison pour laquelle vous vous faites dévorer la nuit quand votre conjoint ou votre voisin se réveille le matin sans une seule piqûre reste très mystérieuse. L’hypothèse qui tient la corde depuis quelque temps concerne le dioxyde de carbone rejeté par notre peau. Plus on émettrait de CO2, plus l’on serait sujet aux piqûres.
Une autre étude menée en 2004 soutient que les personnes appartenant au groupe sanguin O attireraient davantage les moustiques que celles appartenant aux groupes A, AB et B. Enfin, plus récemment – et de façon plus cocasse – des chercheurs de l’État de Virginie ont étudié « l’attractivité » des victimes de moustiques en fonction de leur savon !
D’après leur étude, les savons aux senteurs florales ou fruitées laissent sur le corps une empreinte olfactive particulièrement attractive pour les moustiques. Le parfum, parmi tous les produits testés, qui avait semble-t-il un aspect répulsif, était un savon à la noix de coco.
L’échantillon de personnes testées est trop petit pour qu’on puisse en conclure que les savons senteur coco sont en soi des répulsifs, d’autant que l’odeur naturelle d’une personne associée à un savon produit une formule chimique singulière. Heureusement, des études plus vastes ont permis d’identifier quelles huiles essentielles sont les plus répulsives contre les moustiques.
Voici la « championne » des huiles essentielles anti-moustiques
Le problème des répulsifs du commerce, c’est qu’ils sont blindés de produits chimiques pas toujours recommandables. La bonne nouvelle, c’est que la formule moléculaire de certaines huiles essentielles en fait des répulsifs tout aussi efficaces, sinon davantage. Une étude de 2009 a fait un comparatif entre l’effet répulsif de bougies à base de citronellol, géraniol et linalol, et des diffuseurs d’huiles essentielles.
Voici les deux grandes leçons à tirer de cette étude :
- La protection est meilleure avec un diffuseur d’HE qu’avec une bougie, vraisemblablement à cause de la teneur en actifs (seulement 5% dans la plupart des bougies et près de 20% dans les diffuseurs) ;
- De toutes les molécules composant les HE, c’est le géraniol qui s’est révélé avoir le plus puissant effet répulsif, suivi par le linalol et le citronellol.
Ces trois molécules rentrent dans la composition d’HE très différentes, mais dans des valeurs également très diverses. Il est ainsi possible de faire un palmarès des HE anti-moustiques en fonction de leur composition. Et en haut de ce palmarès se trouve l’huile essentielle de palmarosa (Cymbopogon martinii) qui est composée de 80 à 90% de géraniol et linalol.
Viennent ensuite, dans cet ordre d’efficacité répulsive :
- L’HE de géranium rosat (Pelargonium graveolens), composée de 55 à 60% de citronellol, géraniol et linalol.
- L’HE de citronnelle (Cymbopogon winterianus), composée de 30 à 40% de citronellol et géraniol.
- L’HE de thym à linalol (Thymus vulgaris linaloliferum), composée de 60 à 75% de linalol et terpènes.
- L’HE de lavande fine (Lavandula vera), composée de 35 à 50% de linalol.
- L’HE d’eucalyptus citronné (Eucalyptus citriodora), composée de 20% de citronnellol et géraniol.
- L’HE de lemongrass (Cymbopogon flexuosus), composée à 10% de géraniol.
Les moustiques : quand et comment s’en servir ?
D’après l’étude de 2009, l’emploi de ces HE en intérieur via un diffuseur est beaucoup plus efficace que par l’intermédiaire de bougies (protection de 14% pour une bougie à la citronnelle, contre 68% pour un diffuseur). En extérieur, un diffuseur de citronnelle placé à 6 mètres d’un piège à moustiques a fait fuir 22% de moustiques femelles, celui à linalol en a repoussé 58% et celui à géraniol près de 75%, confirmant la puissance répulsive supérieure du géraniol.
Vous pouvez aussi appliquer sur votre peau ou vos vêtements des roll-on ou sprays de ces huiles sur les chevilles, la nuque et les poignets, afin de générer une aura odorante et protectrice contre leurs attaques. Ou tout simplement placer quelques gouttes de ces HE aux endroits stratégiques ! Sur votre lit, vos poignets ou vos chevilles, par exemple.
Et les moustiques-tigres ?
Vous n’êtes pas sans savoir qu’une espèce exotique de moustique, le moustique-tigre (Aedes albopictus), gagne chaque année du terrain en Europe, aidé par le réchauffement du climat. En France, il a colonisé en quelques années 71 des 96 départements métropolitains, montant inexorablement plus au nord, comme en témoigne cette carte dressée par le ministère de la santé.
Sa présence reste cependant beaucoup plus marquée au sud, et dans les agglomérations urbaines : il est particulièrement actif sur toute la côte méditerranéenne, sur la côte atlantique de la frontière espagnole, ainsi qu’à Bordeaux, à Lyon et à Paris. Les piqûres du moustique-tigre sont autrement plus problématiques que celle de ses cousins européens, car elles sont plus douloureuses, plus inflammatoires, et surtout comportent un risque de transmission de maladies vectorielles : la dengue, le chikungunya ou encore zika.
Or une autre caractéristique distingue les moustiques-tigres de nos moustiques « autochtones ». Les moustiques de nos contrées sont des insectes actifs la nuit, et leur vol est reconnaissable à leur irritant vrombissement : les moustiques-tigres, eux, sont actifs le jour et ne font pas de bruit en volant !
Aussi les conseils que je vous donnais plus haut – si vous vivez dans l’une des zones particulièrement concernées, soit le Sud de la France et/ou une très grande agglomération urbaine – sont-ils à appliquer non seulement la nuit, mais aussi le jour.