Phytothérapie : quand les scientifiques étudient l'ortie

L'ortie intéresse les scientifiques depuis de nombreuses années. Ainsi, plusieurs études sont sorties et ont mis en lumière les mécanismes d'action de l'ortie sur de nombreux maux. Découvrez quelques-unes de ces études qui viennent confirmer l'usage empirique de cette plante qui ne se laisse pas faire !


Présentation de l'ortie

L'ortie, urtica dioica de son nom botanique, est une plante herbacée vivace que l'on rencontre sur les terrains riches en azote. Sa taille peut varier de 30 cm à 1,50 m, sa tige rampante se redresse et présente des feuilles opposées, ovales, allongées et légèrement dentelées.

Si l'on observe de près l'ortie, on peut remarquer des petits poils à sa surface. Ces derniers sont très urticants et présentent une ampoule munie d'une pointe siliceuse qui déverse au contact de la peau un liquide allergisant riche en histamine. 

Ce sont les feuilles qui sont les plus utilisées en phytothérapie


Composition chimique des feuilles d'ortie

On retrouve :

  • des minéraux : fer, azote, potasse, silice

  • des acides organiques : acide citrique, acide formique

  • des flavonoïdes ; glucosides et rutinosides, de l'isorhaminétine, de la quercétine

  • des chlorophylle a et b

  • de la lectine

  • des vitamines : C (acide ascorbique), A (rétinol), B2 (riboflavine), B5 (acide pentathénique), B9 (acide folique) et K (phylloquinone)

  • substances urticantes : histamine, sérotonine, acéthylcholine

  • de l'huile essentielle


Principales propriétés pharmacologiques de l'ortie découvertes par les scientifiques


Activité inhibitrice de l'activation des lymphocytes T

Des études in vitro (1) ont montré que l'ortie pouvait permettre de garder un phénotype immature des cellules dendritiques ainsi que de diminuer l'expression de molécules co-stimulatrices de l'activation des lymphocytes T.

Ainsi, sachant que la polyarthrite rhumatoïde pourrait être liée à l'activation des lymphocytes T par les cellules dendritiques matures, l'ortie pourrait se révéler être d'un grand soutien

Activité analgésique

Bien que cela puisse paraître étrange, l'ortie possède la faculté de diminuer la douleur. En effet, des études in vitro sur les rats et souris (2)(3) ont mis en lumière l'effet dépresseur de l'ortie sur le système nerveux central ce qui calme la sensation de douleur tout en augmentant la capacité de tolérance et de résistance à la douleur.

Activité anti-inflammatoire

L'activité anti-inflammatoire se retrouve notamment au niveau articulaire. En effet, l'ortie serait en mesure d'agir sur la surexpression des métalloprotéinases (MMP) situés à la surface des chondrocytes humains. Cela a été démontré par des études in vitro. (4)

Par ailleurs, une autre étude clinique (5) a montré que l'association d'anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) avec de l'ortie potentialisait les effets anti-inflammatoires du traitement allopathique sur les patients atteints de rhumatismes.

Ceci serait expliqué par le fait que l'ortie appuierait les effets d'inhibition de la synthèse des prostaglandines des AINS. 

Activité anti-asthénique

Une étude clinique portant sur 865 adultes a mis en avant des améliorations notables sur près de 80% des paramètres étudiés tels que : l'appétit, la qualité du sommeil, la forme au réveil, l'humeur... (6)

Activité anti-allergique

Dans des cas de rhinites allergiques, une étude clinique randomisée en double aveugle contre placebo a démontré que l'administration d'ortie pendant 1 semaine de traitement améliorait les symptômes. (7)

Par ailleurs, l'effet anti-inflammatoire de cette plante agirait sur l'histamine (action anti-histaminique) et en inhibant également le processus impliqué dans la formation de prostaglandines. (8)


Sources :

(1) BroerJ. & Behnke,B. (2002) Immunosuppressant effect of IDS 30, a stinging nettle leaf extract, on myeloid dendritic cells in vitro. J. Rheumatol . 29 : 659-666.

(2) Lasheras B, TurillasP. & Cenarruzabeita E (1986). Etude pharmacologique préliminaire de Prunus spinosa L., Amelanchier ovalis Medikus, Juniperus communis L et Urtica dioca L. In : Plantes médicinales et phytothérapie, pp 219-226

(3) Requena Y. (1989) Traitement des asthénies essentielles et réactionnelles par l'Ortie Rv. Phytothér. Prat. 89 : 14-15

(4) Schulze-Tanzil, G. , Behnke, B., Klingelhoefer,S., Scheid, A & Shakibaei, M. (2002) Effects of the antirheumatic remdy hox alpha—a new stinging nettle leaf extract – on matrix metalloproteinases in humain chondrocytes in vitro. Histopathol. 17:477-485

(5) Riehemann, K., Behnke, B. & Schulze-Osthoff, K. (1999) Plant extracts from stinging nettle (Urtica dioica), an antirheumatic remedy, inhibit the proinflammatory transcription factor NF-kappaB. FEBS Lett. 442:89-94

(6) Requena Y. (1989) Traitement des asthénies essentielles et réactionnelles par l'Ortie Rv. Phytothér. Prat. 89 : 14-15

(7) Mittman, P. (1990) Randomized, double blind study of freeze-dried Urtica dioica in the traitement of allergic rhinitis . Planta Med. 56 : 44-47

(8) Roschek, B., Jr., Fink, R.C., Mc-Michael, M. & Alberte, R.S. (2009) Nettle extract (urtica dioica) affects key receptors and enzymes associated with allergic rhinitis. Phytother. Res. 23: 920-926

Delaporte Marine 15 février, 2021
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