Peut-on être accro au sucre comme à une drogue ?

On parle souvent de dépendance aux drogues, à l’alcool, au tabac, … mais rarement à celle au sucre. Pourtant, celle-ci est bien réelle. Elle s’avère aussi plus insidieuse et provoque tout autant de dégâts que d’autres substances nuisibles, bien que ces dommages soient évidemment différents.

Presque inexistant dans le régime alimentaire de la plupart des gens jusqu’à récemment, le sucre n’était consommé, en 1850 en France, qu’à raison de 5 kg par an et par personne. Aujourd’hui, ce chiffre explose pour atteindre 45 kg annuels par personne, soit près de 100 grammes par jour.

Sucre blanc morceaux et en poudre

Selon une étude menée récemment, le sucre raffiné s’avère plus addictif que la cocaïne. Ces recherches faites sur des rats ont démontré que 94 % des rongeurs, qui avaient le choix entre de l’eau sucrée et de la cocaïne, ont choisi…le sucre ! Les petites bêtes faisaient également plus d’efforts pour obtenir leur dose de sucre.

Une autre étude menée, cette fois, sur des humains a démontré des dépendances et effets similaires. Cette étude avait pour but de mesurer les actions du sucre sur le cerveau, en faisant consommer deux milk-shakes aux goût et apparence similaires, l’un ayant un indice glycémique plus élevé que l’autre. Les « cobayes » ont donc été séparés en deux groupes, au hasard, sans savoir quel milk-shake leur était donné. Le premier jour, un groupe reçoit un milk-shake à indice glycémique de 34. Quelques jours plus tard, ce même groupe reçoit avec un indice glycémique de 84. Ni le goût ni la texture ne changent. Après quelques heures un test sanguin et un scan du cerveaux sont pratiqués : sans surprise, le taux de sucre dans le sang est très élevé, mais les participants se plaignent également d’une sensation de faim et d’une envie de sucre. Le scan du cerveau montre, quant à lui, une forte activité dans la région responsable des addictions, preuve que la réaction cérébrale va varier uniquement en fonction de l’index glycémique.

Mais pourquoi sommes-nous dépendants à cette douceur ?

Les chercheurs expliquent que cette dépendance est induite par le fait que nous sommes nés avec une hypersensibilité au sucre. Les récepteurs de notre bouche ne seraient pas adaptés aux fortes concentrations de sucre artificiel. Celui-ci stimule donc nos récepteurs de façon anormalement excessive, engendrant une « récompense » surdimensionnée pour notre cerveau. C’est cette trop grande stimulation qui court-circuite les mécanismes de contrôles et mène, de ce fait, à l’addiction, comme pour toutes les autres drogues.

Les sucres, farines, boissons gazeuses et autres plats préparés risquent donc de vous donner plus faim et davantage envie de sucre. Les signes de la dépendance au sucre sont clairs ; ils peuvent se présenter sous la forme de grignotages intempestifs, sans avoir faim, de plus grandes quantités ingurgitées avant d’atteindre une sensation de satiété ou encore une « angoisse » de devoir se priver de certains aliments.

La consommation excessive de sucre est aussi toxique que l’abus d’alcool et contribue au développement des maladies cardiaques, du diabète et de certains cancers. Tout comme l’alcool, le sucre favorise l’hypertension, le diabète et le risque cardiaque, mais aussi la surcharge graisseuse du foie.

Thyphanie Mouton 19 juillet, 2016
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